
En 1685, la révocation de l’édit de Nantes entraîne l’exil de dizaines de milliers de huguenots. En quelques années, c’est toute l’Europe protestante qui est coalisée contre la France. Pour soutenir les efforts de la guerre contre la ligue d’Augsbourg, le roi décide de sacrifier son mobilier d’argent : le 3 décembre 1689, il annonce à sa Cour qu’il envoie ses meubles à la fonte. Le 11, le Grand Appartement de Versailles est vidé. Parmi les premiers objets envoyés à la Monnaie figurent les ornements mêmes du trône. Cinq mois durant, on continue à fondre, encore et encore. En mai 1690, le mobilier d’argent de Louis XIV n’existe plus : « La guerre est un art qui détruit tous les autres » furent les seules paroles du roi.
 Le produit des 20 tonnes de métal fondu est une déception. Le roi pensait obtenir 6 millions de livres de la destruction de tous ces chefs-d’oeuvre qui lui en avaient coûté 10. Il n’en obtiendra que 2. Pendant dix ans, les arts et les lettres de France vont traverser l’une des périodes les plus sombres de leur histoire. Passé ce temps, les ébénistes et les doreurs vont prendre leur revanche sur les orfèvres. Le bois délicatement sculpté, finement doré, viendra remplacer le scintillement de l’argent. Un renouveau s’esquisse.(le figaro Magasine)